samedi 27 avril 2013

2iE, une école emblématique de l'Afrique moderne

Il y a quelques mois, au salon SMBG des masters et mastères spécialisés, j’ai fait la connaissance d’un étudiant africain de l’institut international d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2ie-edu.org).


(version PDF)

Une école pour l’Afrique de demain

2iE, c’est une école d’ingénieur, une école doctorale et une association d’utilité publique africaine. Elle forme les jeunes qui feront l’Afrique de demain. Une Afrique loin des discours misérabilistes (magistralement parodiés par Africa for Norway) et de la malnutrition et de la corruption. Une Afrique qui veut sortir de son marasme et s’en donne les moyens.

Les transferts de savoir entre les peuples ne sont pas nouveaux. Si, aujourd’hui, on dit que les logi­ciels libres sont le plus grand trans­fert de tech­no­lo­gie jamais réa­lisé entre le Nord et le Sud (Bruno Lemaire, Bruno Decroocq, ADULLACT), rappelons que la civilisation arabe a préservé le savoir de l’Antiquité pour le redonner à une Europe amnésique au XIIe siècle (même si cette thèse est partiellement remise en question). De même en va-t-il des transferts de connaissances entre l’Orient et l’Occident (rappelons que la "Chine ignare" est une exception dans l’histoire multimillénaire de ce pays). À la fin du siècle dernier, des étudiants africains décidaient de retourner sur leur terre natale après avoir acquis un savoir en France pour relancer leur village natal, avec un grand succès et dans le respect de la planète. Ainsi advint le "miracle de Guélack" décrit dans Sahel, génération durable.

Avec des écoles comme 2iE, on passe à la vitesse supérieure. Non pas importer de la connaissance, mais produire sa propre connaissance (je ne sous-entends nullement que l’Afrique a eu besoin du "bon Blanc" pour créer de la connaissance ; je parle ici de connaissances scientifiques et technologiques).

2iE forme aux métiers classiques de l’ingénieur (eau et assainissement, énergie et électricité, génie civil et mines) mais aussi à ceux de l’environnement et, comme c’est de plus en plus nécessaire à un ingénieur aujourd’hui, aux sciences managériales. Elle est labellisée centre d’excellence de l’UEMOA, de la CEDEAO et du NEPAD et ses diplômes sont officiellement reconnus en Europe et par la Commission française des titres d’ingénieurs. Ce qui signifie qu’un étudiant de 2iE qui souhaite travailler en France ou pour une entreprise française (ou européenne) pour un salaire correspondant à sa formation n’a pas besoin de reprendre des études en France ou même d’obtenir une équivalence. Ses programmes vont du bac +3 (licence) au bac +8 (doctorat ; non, je n’ai pas fait une coquille) et passant par le MBA (et le master spécialisé, mais attention, ce n’est pas un mastère spécialisé), ceci en formation initiale comme en formation continue en ligne.

Le renouveau africain

Il y a huit ans, j’inventais le concept de noomasse ("biomasse intellectuelle" ou la "puissance de calcul de la planète") dans mon billet Développer l’Afrique, pour notre bien. Aujourd’hui, il me semble plus que nécessaire de mettre à jour le slogan des années 70, quand la Chine s’éveillera en quand l’Afrique s’éveillera.

L’Afrique est d’ores et déjà le territoire qui connait la plus forte croissance, plus encore que la Chine — comme l’écrit le directeur général de 2iE, Paul Giniès (l’emphase est mienne), Le continent africain est au cœur d’une dynamique sans précédent. Avec un taux de croissance moyen de plus de 5% sur la dernière décennie, le continent défie les clichés et s’affirme comme un acteur de plus en plus indiscutable de la compétition économique mondiale. Certes, elle part de plus loin, mais la Chine a montré que ce n’est pas parce qu’on part de loin qu’on ne compte pas (ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, je ne pense pas que l’Afrique – ou l’Inde  –, un continent disparate, pourra un jour concurrencer la Chine, un pays centralisé et qui sait ce qu’il veut). HSBC dans sa dernière campagne de pub annonce justement Dans le futur, le commerce Sud-Sud sera la norme, pas l’exception.

Signe révélateur à mon sens (un signal faible), on constate que l’Afrique se met à la science-fiction. Ceci est symptomatique d’une évolution des mentalités et de la prospérité. La capacitation qu’entraîne l’abaissement des barrières à l’entrée grâce aux technologies émergentes permet d’envisager une très rapide montée des soins grâce aux imprimantes 3D à bas prix que l’on sait faire.

Il reste de nombreux défis à relever à l’Afrique, certains plus complexes qu’ils n’en ont l’air (je pense au paradoxe du Lesotho, pays le plus touché par le SIDA et en même temps le plus alphabétisé d’Afrique). Cependant, l’Afrique est pour moi sur sa lancée. Il lui aura fallu du temps, mais c’est parti.

2iE en est la preuve.

mercredi 24 avril 2013

Les tarifs des transports en commun en Île-de-France

Carte Orange, passe Navigo, forfait Améthyste Émeraude, carte Améthyste, carte Rubis, carte Émeraude, ticket+, Mobilis, carte Imagin’R, dézonage, complément de voyage… Vous êtes perdu ?

Une pléthore de cartes

Carte Orange
Ancien nom de l’abonnement mensuel métro+RER, il désignait à la fois la carte et le forfait.
Intégrale
Ancien nom de l’abonnement annuel métro+RER.
Navigo
Désigne à la fois la carte (passe Navigo) et le forfait associé (forfait Navigo) qui remplacent la Carte Orange depuis qu’elle est passée à la carte sans contact.
Émeraude
Transport à prix très réduit pour les Parisiens (métro+RER+tramway+funiculaire+bus ?)
Améthyste
Transport à prix très réduit pour les autres Franciliens, uniquement pour le métro+RER+tramway
Rubis
Transport à prix très réduit pour les autres Franciliens, uniquement pour les bus du réseau Optile (la majorité des bus d’Île-de-France - ne pas confondre bus et car)

Tout ça a fusionné (la dernière fusion est entre Améthyste et Rubis le 1er avril 2013). Désormais, on a un Forfait Améthyste avec un passe Navigo Émeraude Améthyste (oui, Émeraude apparait sur le nom du passe mais pas sur celui du forfait).

Une pléthore de forfaits

Voici les offres de transports en commun de Paris (liste non exhaustive, >Tous les titres de transport en Ile-de-France en liste davantage, même s’il en manque et que la page est vieille et pas à jour) :

Ticket T+

Vous payez au trajet, avec portabilité entre RER, métro, tramway ou funiculaire.

Attention : vous ne pouvez pas prendre deux fois le même bus (par exemple, vous vous êtes trompé de direction). Des réductions si vous achetez par 10 (carnet - pour avoir testé, si sur les bornes, vous choisissez les tickets à l’unité et que vous rentrez 10, vous bénéficierez bien du tarif carnet, alors même que vous n’avez pas choisi l’option carnet. Ouf.).

L’intérêt principal est pour ceux qui ont calculé que vu leur usage des transports en commun, ça leur revenait moins cher (aller exceptionnellement chez quelqu’un de loin, une virée sur Paris alors qu’on est motorisé, accompagner des amis qui ne tiendraient sur le scooter…).

Finalement, le principal concurrent du Ticket+, c’est… le taxi ! Notez que ce dernier peut revenir moins cher que quatre tickets+, si on est à quatre dans un taxi sur un court trajet) !

Mobilis

Trajets illimités pour quelques jours.

Pour les touristes, car ne demande pas de papiers (mais plus cher que les autres offres sauf le Ticket t+). Peu connu des Franciliens, qui du coup oublient de le mentionner aux touristes.

Imagin’R

Trajets illimités à la semaine ou au mois, pour les étudiants.

Il y a une version scolaire et une version étudiants.

Navigo

Trajets illimités à la semaine ou au mois, pour les salariés.

Forfait Émeraude Améthyste

Trajets illimités à la semaine ou au mois, sous conditions de précarité.

Quelques conditions de précarité : 60 ans, carte d’inaptitude et non-imposable ; 65 ans, handicapé avec carte d’invalidité, 65 ans et non imposable ; handicapé avec carte d’invalidité ;. Les chômeurs ont d’autres aides). Par le passé, c’était encore plus compliqué (Améthyste gratuit, Améthyste demi-tarif, Émeraude, Rubis).


Une pléthore de zones

En plus de cela, il y a l’histoire des zones (il y a peu, il y en avait 8 ; désormais, il n’y en a plus « que » 5). Les zones se calculent à partir de Paris et en intégralité ! Qu’est-ce que ça veut dire ?

Hérésie 1 : de Paris-à-zone et non de zone-à-zone

Si vous partez de la zone 4 au sud de Paris et allez en zone 3 au nord de Paris, vous ne payez pas un trajet zone 4, mais un trajet zone 4 plus un trajet zone 3 (il aurait fallu parler de zone N1-N8, E1-E8, O1-O8, S1-S8, il n’y aurait pas d’ambiguïté) ! Si vous avez une carte d’abonnement, vous devez dès le début signaler quel est votre trajet privilégié. Sinon, vous devrez payer un nouveau ticket. Par exemple, vous avez l’habitude de partir du sud de Paris en zone 4 et d’aller à l’est de Paris en zone 3. Comme les transports en commun transversaux sont très (trop) peu développés, vous êtes obligés de passer par Paris. Vous effectuez donc un trajet zone 4 plus un trajet zone 3. Un jour, vous devez aller un peu plus loin sur la ligne, en zone 5. Votre abonnement ne couvrira pas la zone 5 de destination, il vous faudra payer un ticket supplémentaire. Et ça nous amène au deuxième point…

Hérésie 2 : pas de complément de voyage

Jusqu’à peu, si vous aviez un abonnement jusqu’à une certaine zone et que vous vouliez aller un peu plus loin dans la même direction, vous deviez payer la totalité du voyage et non la différence ! Si vous aviez un abonnement pour aller en zone 3 et deviez aller en zone 5 dans la même direction, vous n’aviez pas à payer deux zones (3 à 5) mais tout depuis Paris (1 à 5). C’est quand même du n’importe quoi ! Heureusement, ce n’est plus le cas depuis peu, grâce au complément de voyage. Quand vous prenez un billet pour « plus loin », les bornes déduisent votre abonnement du prix du billet. Ouf.

Simplifier et simplifier encore

Comme vous le voyez, malgré les simplifications, il reste du travail. Et en plus, il y a d’autres offres, comme Paris à Domicile ou le coupon de la carte de l’Office national des Anciens Combattants.

On pourrait déjà simplifier ainsi :

  • ticket T+, carnets et Mobilis : OK, pour les laisser tels quels
  • Navigo : le classique
  • Navigo étudiants : nouveau nom d’Imagin’R. Certes, on peut être étudiant et avoir plus de 25 ans (Imagin’R est pour les 12-25 ans), mais bon… Et virer les séparations scolaires/étudiants
  • Navigo Émeraude : ou Navigo Améthyste
  • Réduire le périmètre de Paris à Domicile pour que la partie transport soit incluse dans Navigo Émeraude, supprimer le coupon de l’Office national des Anciens Combattants
  • Voire fusionner Navigo étudiants et Navigo Émeraude ? Après tout, les deux segments visés sont désargentés. Pour ce qui est des offres sectorielles (Bon Plans Imagin’R, réductions Émeraude), il suffit de deux cases à cocher « je suis un jeune »/ « je suis un vieux ». On pourrait même appeler tout ça « Navigo », tout simplement. Avec un tarif réduit et des réductions sectorielles.

Solution : dézonage

Les pouvoirs publics ont réglé le problème des zones de manière radicale : fini les zones. Donc, plus de problème de Paris-à-zone et plus de complément de voyage. C’est même mieux que ça, puisqu’il en coûtera autant d’aller à La Défense (ah, la joie de La Défense lentement en zone 1 vs La Défense rapidement en zone 2…) que d’aller à Ermont-Eaubonne. C’est déjà en cours pour le week-end (dézonage week-end) et le sera bientôt pour l’ensemble de la semaine (avec une probable augmentation qui impactera surtout les Parisiens). Un pas vers un Grand Paris (Londres l’a fait il y a 140 ans).

Vive la simplification. On oublie trop souvent que la complexité à un coût qui peut dépasser celui de l’optimisation qu’elle est censée proposer.

Deux remarques

Je pense que le dézonage ne concerne que les abonnements avec un compte (donc, par les tickets T+ et les passes Mobilis, qui ne nécessitent pas un compte). En tout, au moins pour les tickets T+, ça se vérifie pour le dézonage partiel actuel (le week-end). J’ai payé 8 euros un aller-retour en Grande Couronne (loin de Paris).

Avec le dézonage, le ticket T+ sera encore moins intéressant qu’aujourd’hui. J’ai arrêté mon forfait Navigo pendant un an parce que j’avais les transports sur mon lieu de travail (et lui uniquement) gratuits (et que, du coup, mon employeur ne remboursait pas une partie de l’abonnement). Désormais, entre le remboursement partiel et le dézonage (qui ne s’appliquera probablement au ticket T+), pas de raison d’hésiter quand on habite à Paris intra-muros (à moins de ne sortir de son quartier qu’une fois par mois et encore – le seizième, c’est grand).


Si vous constatez des oublis ou des imprécisions, merci de me le signaler.

BitTorrent Sync : stockage en ligne sans serveur, dans le sens de l'histoire

BitTorrent Sync permet de synchroniser les données sur plusieurs machines sans passer par un serveur central. Conséquences :

  • Plus rapide (le serveur central n’est plus un goulet d’étranglement)
  • Moins d’intermédiaires
  • Pas de centralisation, donc plus difficile à réguler

Ceci va dans le sens de ce que j’observe depuis plusieurs mois (années ?) : abaissement des barrières à l’entrée et capacitation (empowerment en anglais). Même s’il devait échouer, ça ne changerai rien au changement civilisationnel dans lequel il s’inscrit — et que nous étudions et vulgarisons au sein de Technoprog.

Ici, il n’y a plus la barrière de l’‘inscription à un site duquel on dépend, tant pour la confiance que pour le droit. Rappel : la capacitation est la possibilité pour les utilisateurs finaux (vous et moi) à pouvoir faire ce qu’ils désirent en passant par un nombre réduit (idéalement, zéro) d’intermédiaires.

À noter qu’une expérience du même ordre est en cours dans une université britannique (je ne me souviens plus laquelle) pour de la téléphonie P2P depuis un téléphone mobile (pas un Skypephone ou autre téléphone IP). Il s’agit d’ignorer purement et simplement les opérateurs - et le contrôle qu’eux ou les gouvernements à travers eux peuvent effectuer. Notons qu’avec les téléphones 4 G qui concrétisent le passage en Full IP et l’abandon des protocoles téléphoniques, il ne sera que plus facile de court-circuiter les opérateurs téléphoniques. A mettre en rapport avec la récente déclaration de Xavier Niel comme quoi la voix et le SMS valent zéro (sous-entendu, ne soyez pas surpris si un jour Free vous le propose gratuitement).

Décentralisation de l’énergie (pico-centrales, moisson énergétique), décentralisation de l’information (Internet), décentralisation du stockage (cloud P2P comme BitTorrent Sync), décentralisation des télécommunications (expérience britannique), décentralisation de la monnaie (bitcoin), décentralisation la production de biens (circuits courts, agriculture bio et locale, impression 3D). Je crois que le motif (pattern) est clair.

Merci à Pierre Tran pour m’avoir fait découvrir BitTorrent Sync.

samedi 20 avril 2013

Blogger+ : commentaires de blog sur Google+

Désormais, on peut fusionner (de manière non rétroactive, cependant) les commentaires Google+ et les commentaires de Blogger. Peut-être que, du coup, je vais retenter l'aventure Blogger…

En revanche, il est toujours beaucoup trop long de passer du mode édition au mode visualisation dans Blogger. On est obligé de basculer sur l'interface d'édition pour modifier — on ne peut pas cliquer sur un lien modifier (voire, mieux, un EditInPlace).

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