mercredi 31 juillet 2013

Ce qui manque à Google Drive

Ça fait deux semaines que je travaille 15 heures par jour à réparer du Google Drive. Donc, ces remarques ne sont pas des paroles en l'air.

  • Transfert de propriété de tous les documents. Pouvoir transférer la propriété non pas uniquement des documents Google (dossiers, Google Docs, Google Sheets et Google Slide) mais de tous les documents (donc, également les fichiers uploadés). Ce n'est pour le moment disponible que pour les clients payants de Google Apps (http://bit.ly/16iPwPP). Ce serait encore mieux si on pouvait le faire d'un domaine (Google Apps) à un autre (autre Google Apps ou gmail.com) - cette limitation (cloisonnement des domaines) est l'une des raisons pour laquelle je suis en train de quitte Google Apps.
  • Transfert de propriété initié par un tiers. Pouvoir initier le transfert de propriété par quelqu'un d'autre que le possesseur (par exemple, le support technique qui n'a pas besoin de demander le mot de passe à l'utilisateur ou bien donner des instructions lourdes à l'utilisateur, qui le suivra pas).
  • Filtre par dossier : Un opérateur in: aiderai considérablement (avec une variable * pour tout sélectionner). En plus des avantages directs, ça boucherait une régression datant du passage de Google Docs à Google Drive, à savoir l'impossibilité d'isoler les fichiers qui ne sont pas dans un dossier (not in folder). ; ce serait -in:* (signe moins, opérateur in:, variable étoile)
  • Accès "Partagé". Il y a un accès "Non partagé" et il n'y a pas d'aspect "Partagé", c'est fou quand même. Alternativement, proposer un argument is::shared (voire uniquement is:notshared s'ils ne veulent pas se fouler).
  • Figer les dossiers mais non les fichiers. Pouvoir figer une arborescence (impossible d'ajouter, supprimer, déplacer ou renommer un dossier) sans pour autant interdire d'ajouter, supprimer, déplacer renommer ou modifier les fichiers qui sont à l'intérieur.

Donc voilà : d'une part, déplacer tous les fichiers, même quand on n'en est pas le propriétaire (avec autorisation du propriétaire, bien sûr) et d'autre part un filtre par dossier.

mardi 30 juillet 2013

Comment je ne suis pas devenu végétarien

Initialement publié le 19 septembre 2006

Dans le cadre du dossier de Courrier International : « Animaux, quels droits ? ».

Interpellé par la lecture d’Animal Liberation [La libération animale] (Amazon*), le classique du philosophe Peter Singer, un journaliste se lance dans une réflexion sur les droits des animaux.

J’ai ajouté quelques notes personnelles.


La première fois que j’ai ouvert le livre de Peter Singer Animal Liberation, je dînais seul dans un steak house, tâchant de savourer une entrecôte cuite à point. Ce que j’étais en train de faire équivalait à lire en 1852 La Case de l’Oncle Tom dans une plantation du Sud profond. Singer et la troupe de ses disciples nous invite à imaginer un futur où les gens considéreront ce repas et ce steak house comme les vestiges d’une époque arriérée. Manger de la viande, porter du cuir ou des fourrures, faire des expérimentations animales, tuer des animaux pour le sport, toutes ces pratiques qui nous semblent tout à fait normales seront un jour considérées comme des actes de barbarie. Et nous serons conduits à considérer le spécisme, la distinction entre l’espèce humaine et les autres espèces animales, comme une forme de discrimination aussi indéfendable que le racisme ou l’antisémitisme.

Dès 1975, lorsqu’Animal Liberation fut publié pour la première fois, Singer, un philosophe australien qui enseigne à présent à Princeton, avait le sentiment qu’il allait dans le sens de l’Histoire. Lentement mais sûrement, le cercle de la considération morale de l’homme blanc s’étendait. D’abord pour y admettre les Noirs, puis les femmes, puis les gays. Dans chacun de ces cas, un groupe jadis considéré comme trop différent du « nous » prédominant pour mériter des droits civiques fut intégré au « club ». C’était au tour des animaux.

Un nouveau mème

Que la libération animale soit la prochaine avancée du progrès moral n’est plus une idée marginale. Un nombre croissant de philosophes, de professeurs de droit et de militants sont convaincus que le grand combat moral de notre temps sera celui pour le droit des animaux.

C’est en Europe que le mouvement a remporté ses plus grandes victoires. En 2002, l’Allemagne a été la première nation à donner aux animaux un droit constitutionnel en ajoutant les mots et des animaux à une clause constitutionnelle obligeant l’État à respecter et à protéger la dignité des êtres humains. L’élevage des animaux pour leur fourrure vient d’être récemment interdit en Angleterre. Dans plusieurs pays européens, on n’a plus le droit de confiner les truites dans des caissons, ni d’élever des poules en batterie. Les Suisses ont amendé leurs lois pour modifier le statut des animaux afin qu’ils ne soient plus considérés comme des « choses », mais comme des « êtres ».

Bien qu’aux yeux de la loi américaine, les animaux soient toujours considérés comme des choses, le changement est dans l’air. Trente-sept états ont récemment adopté des lois qui rendent délictueux certains actes de cruauté envers les animaux. À la suite d’actions militantes, McDonald’s et Burger King ont fait adopter des améliorations sensibles dans l’abattage des animaux de boucherie. L’industrie agroalimentaire, celle des cosmétiques et celle du prêt-à-porter se démènent pour tenter de désamorcer les préoccupations croissantes du public à l’égard du bien-être animal. Un récent sondage de l’institut Zobby montre que 51 % pensent que les primates peuvent prétendre aux mêmes droits que les enfants.

Les regards sur les animaux

Cette année, aux États-Unis, la moitié des chiens recevront un cadeau de Noël, et pourtant peu d’entre nous s’attarderont sur l’existence misérable du cochon — un animal au moins aussi intelligent que le chien —, qui finira en jambon de Noël (Du coup, je ne vois pas pourquoi, on ne pourrait pas manger du chien et avoir des cochons de compagnie). Nous tolérons cette dichotomie, car l’existence que mène le cochon a disparu de notre vue. La viande vient d’un magasin où elle est conditionnée de manière à ressembler aussi peu que possible à des morceaux d’animaux.

Il y a plusieurs années, le critique anglais John Berger a écrit Why Look at Animals? [Pourquoi regarder les animaux ?], un essai dans lequel il suggère que la perte du contact quotidien avec les animaux a brouillé notre relation avec les autres espèces. Le contact visuel, toujours un peu troublant, nous fournissait un rappel vivace et quotidien du fait que les animaux nous sont à la fois semblables et dissemblables. Dans leurs yeux, nous apercevions, de façon fugitive, quelque chose d’indubitablement familier (la souffrance, la peur, la tendresse) et quelque chose d’irrémédiablement étranger. C’est sur ces paradoxes que des générations ont construit une relation leur permettant tout à la fois de respecter les animaux et de les manger sans avoir à détourner le regard.

Mais il semblerait que cet accommodement ait vécu et qu’il faille aujourd’hui choisir entre détourner le regard ou devenir végétarien. En ce qui me concerne, aucune des deux options ne me convient. Ce qui peut sans doute expliquer pourquoi je me suis retrouvé à lire Animal Liberation dans un steak house.

Animal Liberation

L’ouvrage de Peter Stinger, qui combine la rigueur de l’argumentation philosophique et des descriptions journalistiques, a converti des milliers et des milliers de gens au végétarisme et il ne m’a pas fallu longtemps pour deviner pourquoi. En quelques pages, il est parvenu à me mettre sur la défensive.

Les arguments de Singer sont d’une simplicité désarmante et, si l’on accepte les prémisses, difficiles à réfuter. Prenons par exemple le principe de l’égalité : la plupart des gens l’accepteront d’emblée, tout en sachant que certains sont plus malins que d’autres ou plus beaux ou plus doués. L’égalité est une idée morale, pas une assertion factuelle, écrit Peter Singer. L’idée morale est que les intérêts de chacun doivent faire l’objet d’une considération égale, en dépit des capacités différentes dont ils peuvent jouir. Bien joué ! De nombreux philosophes ont assumé ce point de vue. Mais ils sont beaucoup moins nombreux à avoir franchi l’étape logique suivante. Si posséder un haut degré d’intelligence ne donne pas à un être humain le droit d’en exploiter un autre à ses propres fins, comment la supériorité intellectuelle des humains pourrait-elle leur conférer le droit d’exploiter les non-humains à leur avantage ?

Voilà qui constitue le cœur de l’argumentation de Singer, et c’est à partir de là que j’ai commencé à griffonner des objections dans la marge de son livre, car les êtres humains diffèrent des animaux de manière moralement significative. Effectivement, Singer le reconnaît, et c’est pourquoi il ne convient pas de traiter les enfants comme des cochons, souligne-t-il. Il est dans l’intérêt des enfants d’êtres éduqués et dans celui des cochons de se vautrer dans la boue. Mais l’un des intérêts primordiaux que les humains partagent avec les cochons et toutes les créatures douées de sensations, c’est celui d’éviter la souffrance.

Bentham et la souffrance

À ce point de son raisonnement, Singer cite un passage célèbre de Jeremy Bentham, philosophe utilitariste du XVIIIe siècle, qui est la grande source d’inspiration du mouvement en faveur des droits des animaux. Bentham écrivait en 1789, peu après que les colonies françaises eurent libéré leurs esclaves noirs et leur eurent accordé des droits fondamentaux. Le jour viendra peut-être, spécule-t-il, où le reste des animaux de la Création obtiendra ces droits.

Bentham se demande ensuite ce qui légitime chez un être vivant le droit à la considération morale. Est-ce la faculté de raison ou la faculté de discours ? Évidemment non, bien qu’un cheval ou un chien adulte soient, sans conteste, plus rationnels et plus sociables qu’un nourrisson. Sa conclusion ? La question n’est pas : peuvent-ils raisonner ? Mais : peuvent-ils souffrir ?

Bentham utilise ici une carte que les philosophes appellent l’« argument des cas limites ». Telle est sa teneur : il y certains humains (les nourrissons, des retardés mentaux très atteints, des déments) dont les fonctions mentales ne sauraient soutenir la comparaison avec celle du chimpanzé. Nous ne les en incluons pas moins dans la sphère de notre considération morale.

Discrimination ?

Alors, selon quels critères devrions-nous en exclure les chimpanzés ? Parce que c’est un chimpanzé et qu’eux sont des humains ! ai-je furieusement gribouillé dans la marge. Mais, pour Singer, cela ne suffit pas. Exclure le chimpanzé de la considération morale simplement parce qu’il n’est pas humain n’est pas différent que d’en exclure un esclave simplement parce qu’il n’est pas blanc. De la même façon que nous qualifions ce genre d’exclusion de raciste, les partisans des droits des animaux soutiennent qu’il est spéciste de discriminer le chimpanzé. Mais les différences entre les Noirs et les Blancs sont insignifiantes comparées aux différences entre mon fils et un chimpanzé ! Singer contre-attaque en nous demandant d’imaginer une société hypothétique qui pratiquerait la discrimination entre ses membres à partir de critères significatifs comme l’intelligence (Bienvenue à Gattaca). Si ce schéma offense notre sens de l’égalité, alors pourquoi le fait que les animaux n’ont pas certaines caractéristiques humaines devrait-il constituer un critère de discrimination ?


C’est à ce moment-là que j’ai posé ma fourchette. Car si je crois que l’égalité est fondée sur les intérêts du sujet plutôt que sur ses caractéristiques, alors je dois soit prendre en compte les intérêts du jeune bœuf dont je me nourris, soit admettre que je suis un spéciste. Pour l’heure, je décidais de reconnaître l’accusation et de plaider coupable. Et je finis mon steak. Mais Singer avait semé les graines du doute dans mon esprit et, dans les jours qui suivirent, elles se mirent à germer. Se pouvait-il que le spécisme soit un jour considéré comme un mal comparable au racisme ? (la notion même de spécisme n’est-elle pas un anthropocentrisme de plus ?)

L’élevage industriel

Voilà ce qui m’a amené, avec répugnance, mais inévitablement, à me pencher sur ce qui se passe dans les élevages industriels américains. Visiter une usine d’élevage industriel en batterie, c’est pénétrer dans un univers hautement technologique et cartésien : les animaux sont traités comme des machines incapables d’éprouver de la souffrance (voir tableau de la souffrance animale). Et comme aucune personne sensée ne peut encore croire cela aujourd’hui, l’élevage industriel suppose que ses opérateurs se voilent la face et que le public détourne le regard.

Comment ça se passe…

D’après tout ce que j’ai lu, les pires sont les élevages de poules pondeuses et de cochons. Au moins, aux États-Unis, les bœufs d’élevage vivent en plein air, quoiqu’enfoncés jusqu’aux chevilles dans leurs propres déjections et soumis à un régime qui les rend malades. Et les poulets d’élevage, bien qu’on leur coupe l’extrémité du bec avec un couteau chauffé afin qu’ils ne s’entre-dévorent pas sous l’effet du stress dû au confinement, ne passent pas les huit semaines que compte leur vie dans des cages trop petites pour leur permettre de battre des ailes.

…pour les poules…

Ce sort est réservé aux poules pondeuses qui passent leur brève existence entassées par demi-douzaines dans une cage dont les sols pourraient être recouverts d’une seule page de magazine. Chacun des instincts naturels de cet animal est contrarié au point de le conduire à une série de « vices » comportementaux, comme le cannibalisme ou le fait de frotter son corps contre les mailles de la cage jusqu’à ce qu’il soit déplumé et sanglant. Les 10 % de poules qui en meurent sont intégrées dans les coûts de production. Et, quand le rendement des autres commence à décliner, les poules sont « poussées », c’est-à-dire privées d’eau, de nourriture et de lumière pendant plusieurs jours, afin de stimuler une dernière ponte avant qu’elles en aient fini avec leur existence et leur tâche.

…et les cochons

Maintenant que je vous ai coupé l’appétit pour les œufs, je voudrais vous parler du bacon et signaler une seule pratique — en aucun cas la pire — dans la production porcine moderne, laquelle met en évidence la complexe folie d’une logique industrielle irréprochable. Les porcelets élevés en batterie sont sevrés dix jours après leur naissance — alors que le sevrage prend treize semaines dans des conditions naturelles — parce qu’ainsi ils engraissent plus vite grâce à leur nourriture enrichie d’hormones et d’antibiotiques. Ce sevrage prématuré laisse aux cochonnets, toute leur vie durant, le besoin maladif de sucer et de mastiquer, un désir qu’ils satisfont, en batterie, en mordant la queue de l’animal qui se trouve à proximité. La solution que préconise le ministère de l’Agriculture s’appelle l’écourtage des queues. À l’aide d’une paire de pinces et sans anesthésie, la majeure partie de la queue — mais pas toute — est cisaillée. Pourquoi laisser un petit moignon ? Parce que le but n’est pas d’amputer l’objet des mordillements, mais de le rendre plus sensible. Ainsi, une morsure sur la queue deviendra si douloureuse que même le plus démoralisé des cochons se battra pour l’éviter.

Dominion

L’essentiel de cette description est tiré du livre récent de Matthew Scully, Dominion (Amazon*), où il se livre à une effroyable description d’un élevage porcin en Caroline du Sud.

Scully, un conservateur chrétien, ne fait montre d’aucune indulgence envers les discours gauchisants des défendeurs des droits des animaux. Il soutient en revanche que, puisque Dieu a confié à l’homme la domination sur les animaux, il lui a également enjoint de leur témoigner de la miséricorde. Nous sommes appelés à les traiter avec bonté, non parce qu’ils ont des droits, du pouvoir ou qu’ils peuvent prétendre à l’égalité, […] mais parce qu’ils sont, face à nous, inégaux et impuissants.

Scully appelle nos actuelles fermes d’élevage industriel notre pire cauchemar et il n’hésite pas à nommer la cause de tout cela, le capitalisme sans entrave (ce qui explique peut-être qu’il ait démissionné de l’administration Bush peu avant la publication de ce livre). Une contradiction a toujours existé entre l’impératif capitaliste d’optimisation de l’efficacité et les impératifs moraux de la religion ou de la vie en communauté. La dynamique économique tend à éroder les soubassements moraux de la société, dont fait partie la miséricorde à l’égard des animaux. Dans les élevages industriels, la vie est réduite à une production de protéines. Le vénérable mot souffrance devient stress : un problème économique à la recherche d’une solution économique comme l’écourtage des queues, l’épointage des becs ou, comme l’envisage à présent l’industrie de l’élevage industriel, l’extraction pure et simple du gène du stress chez le cochon et le poulet (ce qui à mon sens serait une très bonne chose).

Polyface

Le végétarisme ne semble pas être une réponse déraisonnable à tous ces maux. Qui voudrait se rendre complice de la torture de ces animaux en en mangeant la chair ? Mais, avant que vous n’abjuriez totalement vos appétits carnassiers, laissez-moi vous parler d’un tout autre sort réservé aux animaux de ferme. Il ne s’agit pas d’un cas représentatif et, pourtant, son existence même éclaire la question morale de l’élevage des animaux sous un jour radicalement différent.

La ferme Polyface occupe 550 acres [environ 2225 kilomètres carrés] de prairies et de forêts dans la vallée de Shanandoah, en Virginie. C’est ici que Joel Salatin et sa famille élèvent six sortes d’animaux, des bœufs, des cochons, des poulets, des lapins, des dindes et des moutons, dans une symbiose conçue pour permettre, selon les propres mots de Salatin, d’exprimer pleinement sa singularité physiologique. Concrètement, cela signifie que les poulets de Salatin vivent comme des poulets, que ses vaches vivent comme des vaches et que ses cochons vivent comme des cochons.

Comme en pleine nature, où les oiseaux ont tendance à suivre les herbivores, lorsque les vaches de Salatin ont fini de paître dans une prairie, il les rentre et remorque à la place un poulailler mobile qui abrite plusieurs centaines de poules pondeuses. Les poules se déploient sur la prairie et picorent l’herbe courte et les larves qui se trouvent dans les bouses des vaches, épandant ainsi le fumier bovin et éliminant le problème des parasites. Ce régime de ver et d’herbe produit des œufs exceptionnellement goûteux et des poulets heureux dont les déjections azotées engraissent la prairie. Après quelques semaines, les poulets sont retirés de la pâture et vient le tour des moutons, qui se repaissent de la repousse épaisse ainsi que de certaines espèces d’herbes (comme les orties et les solanacées) auxquelles les bovins et les poulets ne touchent pas.

Au cours de la journée que j’ai passé dans l’extraordinaire ferme de Joel Salatin, j’ai beaucoup médité sur le végétarisme et les droits des animaux. Beaucoup de ce que j’avais lu et accepté me paraissait différent vu d’ici. Pour de nombreux militants des droits des animaux, même la ferme Polyface est un camp de la mort. Mais, en regardant ces animaux, je voyais la défense de leurs droits comme l’affêterie sentimentale qu’elle est (j’aime beaucoup ce terme). Si l’on peut identifier la souffrance animale au premier coup d’œil, on peut aussi reconnaître un animal heureux et, ici, j’en ai vu en abondance.

Symbiose

Pour n’importe quel animal, le bonheur semble consister en la possibilité d’exprimer son caractère de créature, son caractère essentiel de cochon, de loup, de poulet. Pour les espèces domestiques, une bonne vie, si l’on peut l’appeler ainsi, ne peut se concevoir sans les humains, sans nos fermes, et donc sans la consommation de viande. C’est ici que les tenants des droits des animaux semblent trahir une profonde ignorance des œuvres de la nature. Penser à la domestication comme une forme d’esclavage ou même d’exploitation est une erreur d’interprétation sur la relation entière qui nous lie aux animaux domestiques, c’est projeter une idée humaine de pouvoir sur ce qui est en fait une relation mutuelle entre espèces.

L’existence même du phénomène de la prédation — des animaux qui en mangent d’autres — est la cause de beaucoup de lamentations angoissées dans les cercles des défenseurs des droits des animaux. Il faut bien admettre, écrit Singer, que l’existence des animaux carnivores pose un problème pour les fondements éthiques de la libération animale. Les mouvements de libération des animaux font preuve d’un côté extrêmement puritain, une sorte de sentiment de gêne persistant envers notre propre animalité, mais également envers celle des animaux eux-mêmes.

Quoi qu’il en soit, il peut nous apparaître que la prédation n’est pas une question de morale ou de politique ; c’est une question de symbiose. Quelle que soit la férocité du loup envers le cerf dont il se nourrit, le troupeau compte sur lui pour son bien-être, car, sans prédateur pour éclaircir ses rangs, les cerfs seraient trop nombreux pour leur biotope et mourraient de faim. Dans beaucoup d’endroits, les chasseurs ont remplacé le rôle écologique des prédateurs. Les poulets dépendent également pour la perpétuation de leur bien-être de leur prédateur humain, pas les poulets en tant qu’individus, mais en tant qu’espèce. La meilleure façon d’aboutir à l’extinction des poulets serait de leur accorder un « droit à la vie » (voir la nécessité de la transition démographique pour l’espèce humaine, transition que les animaux ne peuvent initier pour eux-mêmes - or, personne ne peut le faire à leur place…)

Individualisme

Et voilà où ça coince : les militants des droits des animaux ne se soucient pas des espèces, mais seulement des individus. Tom Regan, l’auteur de The Case for Animal Rights [La défense du droit des animaux] affirme froidement que parce que les espèces ne sont pas des individus, […] la vision légaliste ne leur reconnaît aucun droit moral, pas même le droit à la survie. Singer abonde dans son sens et affirme que seuls les animaux en tant qu’individus ont des intérêts. Mais, bien évidemment, une espèce peut avoir un intérêt en propre — sa survie, en l’occurrence —, comme une nation, une communauté ou une société commerciale. Les préoccupations exclusives des tenants des droits des animaux, à l’égard des animaux en tant qu’individus, sont parfaitement logiques puisqu’elles prennent leur racine dans une culture d’individualisme libéral (l’anti-spécisme, dérive d’une société outrancièrement individualiste ? Ne pas confondre cet anti-spéciste et la volonté de rendre les animaux heureux). Le sont-elle pour autant à l’aune de la nature ?

Méditer sur de telles questions depuis la perspective d’une ferme permet d’apprécier à quel point l’idéologie des droits des animaux est étroite et urbaine. Elle ne peut prospérer que dans un monde où les gens ont perdu le contact avec la nature, où les animaux ne représentent plus un danger et où la maîtrise de l’homme sur la nature semble absolue.

Singer écrit : Dans notre vie ordinaire, il n’y a pas d’importants conflits d’intérêts entre les humains et les animaux non-humains. Un fermier vous ferait pourtant remarquer que même un végétalien a des « conflits d’intérêts importants » avec les animaux. Les graminées que mangent les végétaliens sont récoltées avec une moissonneuse-batteuse qui déchiquette les rats des champs pendant que le tracteur du fermier écrase les chiens de prairie dans leur terrier et que les pesticides font périr les oiseaux (sur ce point des pesticides, le contre-argument vient tout de suite à l’esprit : remplacer les pesticides par des insectes). Steve Davis, un scientifique animalier de l’université de l’Oregon a estimé que, si les États-Unis devaient adopter un régime strictement végétarien, le nombre total des animaux tués chaque année augmenterait de facto, car les pâturages devraient céder la place aux cultures. Davis soutient que, si notre but est de tuer le moins d’animaux possible, alors, il convient de se nourrir de l’animal le plus gros possible vivant sur la terre la moins intensément cultivée, ce qui signifierait du bœuf élevé en plein air dans l’assiette de tout le monde. Par ailleurs, il est douteux que l’on puisse établir une agriculture durable sans qu’il y ait d’animaux pour absorber et produire des substances alimentaires et soutenir la production alimentaire locale.

Si notre préoccupation, c’est la bonne santé de la nature plutôt que l’infernale cohérence de nos codes moraux, alors, manger de la viande peut paraître le sommet de l’éthique.

Que faire ?

Tout cela me donne à pense que les gens qui se sentent concernés devraient œuvrer non pas en faveur des droits des animaux, mais en faveur de leur bien-être. Ce qui devrait nous préoccuper, ce n’est pas l’abattage des animaux, mais leur souffrance. Au cours de ma visite à la ferme Polyface, Salatin m’a montré l’abattoir de plein air qu’il a construit derrière sa ferme. C’est une sorte de cuisine de plein air élevée sur une dalle de béton avec des éviers en acier inoxydable, des réservoirs d’eau bouillante, une machine à plumer et des cônes métalliques pour maintenir les volatiles la tête en bas pendant qu’ils sont saignés. Abattre et préparer les poulets n’est pas une tâche agréable, mais Salatin tient à l’accomplir lui-même. Toute personne qui veut y assister est bienvenue.

Rien de plus outrecuidant que l’idée selon laquelle seul l’homme moderne a un problème avec le fait de tuer les animaux. Prendre une vie est un événement capital et, depuis des milliers d’années, les hommes ont œuvré pour justifier l’abattage d’animaux. Les rituels ont joué un rôle crucial pour nous permettre d’en apprécier le coût moral. Les Amérindiens et d’autres ethnies de chasseurs-cueilleurs remerciaient leurs proies de leur offrir leur vie afin qu’ils puissent se nourrir. Dans la Grèce Antique, les prêtres qui étaient responsables de l’abattage — des prêtres ? ! aujourd’hui, nous confions cette tâche à des smicards — aspergeaient d’eau sacrée le front des animaux qui devaient être sacrifiés. Les bêtes s’ébrouaient en remuant la tête, ce qui était considéré comme un signe d’assentiment de leur part.

L’abattoir en plein air de Salatin est d’un point de vue moral, une idée forte. Quelqu’un qui met à mort un poulet dans un endroit où il peut être observé de tous est enclin à le faire scrupuleusement, avec de la considération aussi bien pour l’animal que pour la personne qui va le manger. Cela va sembler chimérique, mais il suffirait, peut-être, pour réhabiliter l’élevage industriel, de faire adopter une loi qui demanderait que les murs de béton et d’acier des centres d’élevage en batterie et des abattoirs soient remplacés par… des parois de verre. Si les murs de notre industrie de la viande devaient devenir transparents, au sens propre comme au sens figuré, nous cesserions de procéder de la manière actuelle. Bien sûr, la viande deviendrait un peu plus chère et nous en mangerions certainement moins, mais peut-être que, lorsque nous mangerions des animaux, nous ferions avec la conscience, le cérémonial et le respect qu’ils méritent.

Michael Pollan, The New York Times Magazine, New York

Pour aller plus loin, voir :

  • la boucle cybernétique individu-société-espèce d’Edgar Morin. Armé de cette grille de lecture, on peut de manière plus pertinente poser un regard sur le monde.
  • Le sentiment « animalitaire », sur cette affèterie sentimentale, principalement une lubie d’urbains qui ne connaissent pas la nature et en projettent une vision idéalisée et, finalement, pas du tout naturelle ou écologique.
  • « Douce Nuit », de Dino Buzzati (j’en avais déjà parlé dans cinq livres). Extrait du recueil de nouvelles Le K. (FNAC, Amazon*), cette nouvelle illustre bien cette vision erronée et puérile de la nature, en mettant en contraste la vision humaine et les scènes de carnage banales dans un jardin.

Les Dix Commandements, lecture iconoclaste

Ça fait longtemps que ça trottait dans ma tête (surtout le fait que l'interdiction de meurtre est bien plus éloigné dans l'ordre des priorités qu'ont le croit souvent). Quand Bertrand Dunogier m'a fait découvrir À tous les homophobes citant la Bible, j'ai su que c'était l'occasion :-).

Donc voilà, une relecture iconoclaste (mais pas gratuite) des Dix Commandements. Je me suis inspiré de Rachat de Macromedia par Adobe : traduction en clair.


Je précise que les Commandements sont exactement dans cet ordre (source). Notez combien l'interdiction de meurtre est éloignée dans l'ordre des priorités (je précise aussi que je ne suis pas anticlérical).


  1. Le roi c'est moi.
    Je suis l'Éternel, ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude.
  2. Tu n'iras pas voir la concurrence.
    Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face.
  3. La copie est interdite, même à usage privé.
    Tu ne te feras point d'image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point ; car moi, l'Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent et qui fais miséricorde jusqu'en mille générations à ceux qui m'aiment et qui gardent mes commandements.
  4. Tu bosseras dur six jours par semaines et le septième, tu seras assez décérébré pour occuper ton temps de cerveau disponible à mon culte de la personnalité.
    Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier. Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage. Mais le septième jour est le jour du repos de l'Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l'étranger qui est dans tes portes. Car en six jours l'Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s'est reposé le septième jour : C'est pourquoi l'Éternel a béni le jour du repos et l'a sanctifié.
  5. Pas de jeunesse rebelle. Comme ça, tes parents vivront longtemps dans MA maison de retraite.
    Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent dans le pays que l'Éternel, ton Dieu, te donne.

Quelques autres points suggérés par mes conseillers en communication, pour faire moderne (mais au fond je m'en fous, puisque je les ai relégués à la fin ; mais mes conseillers en communication sauront faire croire le contraire).

  1. Pas tuer
    Tu ne tueras point.
  2. Pas tromper
    Tu ne commettras point d'adultère.
  3. Pas voler
    Tu ne déroberas point.
  4. Pas de faux témoignage (note que ça ne s'applique pas à moi)
    Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain.
  5. Pas voler
    Tu ne déroberas point.
  6. L'occasion ou le recyclage est interdit. Si tu veux quelque chose, tu l'achètes neuf (à moi, cf. article 1)
    Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain.

De deux choses l'une : soit vous avez du second degré et vous saurez voir la réflexion derrière l'humour (surtout que je vous ai donné un très gros indice en tête d'article), soit heu… ben en fait rien, nous n'avons probablement rien à nous dire.

dimanche 28 juillet 2013

Ce que j'aurai ajouté dans le dossier de Politis sur le transhumanisme

Politis a publié un article sur le transhumanisme.

C'est la règle dans un journal que toutes les idées des interviewés ne sont pas reprises. Manque de place, trop de concepts, désaccord du journaliste ou de la ligne éditoriale, les raisons sont multiples et plus ou moins pertinente et ce, quelque soit le journal. Je suis sûr que chaque interviewé pourrait dire sur ce point, ce n'est pas exactement ce que je voulais dire ou bien vous avez passé sous silence ce que j'ai dit sur X ou Y.

C'est pour ça qu'il y a les blogs :-)

Je n'ai pas été interviewé (Marc Roux, notre président, l'a été), mais voici ce que j'aurai ajouté si j'avais été interrogé au moment de boucler le dossier.

Will Paralympics steal the show?

A propos du sport : la question de "sport augmenté ou pas ?" peut se résoudre par : les deux, mon capitaine ! C'est ce qui se pratique en sport automobile monoplace (Formule 1/2/3/4, formula racing en anglais, pas de traduction connue) : d'une part, du sport "pour l'humain", où seule l'adresse du pilote compte car les véhicules sont les mêmes (surtout vrai en Formule 4 - les Formules 2 et 3 se sont éloignés de cet idéal) et d'autre part du sport "pour la performance" avec beaucoup plus d'argent, de médiatisation et bien sûr d'augmentation (dans une Formule 1, la victoire c'est au moins 50 % la voiture).

Hugh Herr prédisait que les Paralympiques dépasseraient bientôt les Olympiques (déjà, on parle chaque année un peu plus des Paralympiques), et que l'on verrait apparaître des disciplines comme le "power football" ou le "power bike". Ce serait, à mon sens, une bonne chose, en contentant les deux demandes : celle de performance absolue (l'effet wow) et celle d'une aventure humaine. Ce pourrait même être deux publics différents. Evidemment, la question se posera de la pression sociale, mais à partir du moment où est possible d'atteindre le sommet sans avoir recours à des dopages (chimiques ou autre), alors le milieu sera plus sain. Nier (les dopages divers et variés) ne marche pas. Intégrer la contrainte (séparer augmentés de non augmentés) marche. Et être encore plus sévère pour les augmentés là où c'est interdit.

Composition de l'AFT

Dans le dossier, les journalistes écrivent que l’AFT est composée de membres allant "du centre-droit à l’extrême gauche". Je trouve que ça définit bien les choses (désolé, mais ce n'est pas demain qu'on se séparera des notions de droite et de gauche).

La parade à Big Brother

Rien n'est dit sur la parade à Big Brother qu'est la sousveillance ( État qui me surveille, n'oublie pas que moi aussi je peux te surveiller). L'antienne de Big Brother est fatigante à lire. Pourtant, Steve Mann, fortement engagé dans cette voie est mentionné dans le dossier (pour l'affaire du McDoGate à Paris en 2012)

Le transhumanisme étendu

Hormis la robotique, seuls les aspects "charnels" du transhumanisme sont abordés. Rien sur la nécessité de penser l'après-plein-emploi, que la robotisation massive du monde du travail rend pourtant nécessaire (transition laborale et le revenu de base). Rien non plus sur la capacitation technologique que permet l'internet ubiquiste, le quantified self, l'open source (y compris l'open hardware et l'open education) ou les imprimantes 3D, toute technologies qui donnent le pouvoir aux individus et menacent les centralismes politiques comme corporatistes et les rentes de situation).

Comme souvent, le biais prospectif s'applique : l'homme exagère les conséquences à court-terme et, surtout, minimise les conséquences à long terme.


Voici donc ce que j'aurai ajouté à ce dossier de Politis. Qui sait, il se pourrait que très bientôt, vous lisiez ceci dans un journal…

L’homme augmenté, c’est déjà demain - Politis

C'est vraiment une réussite que ce dossier spécial transhumanisme dans Politis. En effet, il est à la fois bien renseigné, exceptionnellement dense et neutre - on est loin des articles à sensations dont le but est de faire peur plus que de refléter la réalité.

Ce dossier, L’homme augmenté, c’est déjà demain, fait intervenir des neutres (des chercheurs en robotique), des pro (un dessinateur, Enki Bilal, et Marc Roux, le président de Technoprog) et des antis (deux philosophes et deux biologistes). Ainsi, ce dossier constitue un bon point d'entrée pour tout curieux, puisque bien des personnalités y sont nommées, ce qui donne autant de mots-clé sur votre moteur de recherche préféré. L'article s'offre même le luxe de poser des questions avant-gardistes, comme Et défendre les 100 % humains, est-ce du racisme ?

Le dossier passe rapidement sur l'historique pour s'intéresser à ce qui importe : l'état de l'art dans les applications et les réflexions. Amplement illustré par Enki Bilal (dont vous pouvez actuellement voir l'exposition Mécanhumanimal), qui sans se définir explicitement comme transhumaniste, déclare sans ambage sa proximité d'intérêt mais aussi sa vigilance quant à ces questionnements, le dossier effectue un tour d'horizon relativement complet.

On parle ainsi de fiction, et notamment de l'excellente série TV Real Humans (première saison diffusée en avril dernier sur Arte, seconde saison en cours de tournage), qui traite des questions sociales liées à la robotique. On aborde ensuite les cyborgs (la discipline de la biomécatronique) avec Marc Roux puis plus tard avec un article "Les mutants du stade". Enfin, après avoir parlé du "mécanique" puis du "mécanique-organique", on aborde l'"organique" et le génie génétique avec Laurent Alexandre, fondateur de Doctissimo et d'une startup de génie génétique, qui n'a de cesse, comme à TED ou au Vinvinteur de signaler un déluge technologique et la mise à distance de la France à cause de sa peur de la nouveauté.

Voilà pour les réflexions. Le dossier continue avec des recherches françaises sur la robotique avec iCub, un robot qui apprend tout seul et qui trace à la voie des robots de service. Le robot à domicile ? Ça va prendre dix ans.. Après la France, c'est au tour des États-Unis avec Google et Ray Kurzweil

Ah oui : H+ Paris est signalé (p.32) :). Et le dernier paragraphe de l'article "Sciences et fictions : rêve ou réalité ?" appelle clairement à ce que nous prenions en main notre futur. Pour un transhumanisme choisi et non subi.

Clairement, un dossier à lire.

Politis : L’homme augmenté, c’est déjà demain

samedi 27 juillet 2013

La signification des paroles d'Abiogenesis

Abiogenesis est une excellente musique du groupe d'ambient Carbon Based Lifeforms. À plusieurs reprises pendant le morceau, on entend une voix féminine épeler des lettres. Mais qu'est-ce que ça peut être ?

N equals R

F-p, n-e, f-l, f-i, f-c, l

Merci à un certain Dirtnoise pour nous donner la solution, qui, comme dirait Gandalf, est évidente une fois qu'on connait la réponse :

N = R* fp * ne * fl * fi * fc * L

Where: N = the number of civilizations in our galaxy with which communication might be possible and

R* = the average rate of star formation per year in our galaxy

fp = the fraction of those stars that have planets

ne = the average number of planets that can potentially support life per star that has planets

fℓ = the fraction of the above that actually go on to develop life at some point

fi = the fraction of the above that actually go on to develop intelligent life.

Équation de Drake

C'est l'équation de Drake, la formule pour évaluer le nombre d'extraterrestres que nous pourrions rencontrer ! Abiogenesis, la naissance de la vie. Venant d'un groupe appelé "formes de vie carbonées", ça tombe sous le sens !

Comme le dit Dirt­noise  : Such a masterpiece…

Dans le même esprit, lire mon billet -.- .-. .- ..-. — .– . .-. -.-
/

mardi 23 juillet 2013

Référence d’expressions régulières

Initialement publié le 21 juillet 2006 à 19 h 45

Ce billet ne prétend pas à l’exhaustivité et est écrit par un illettré de regexps (qui aimerait bien s’y mettre sérieusement, quand même). Inspiration :

jeudi 18 juillet 2013

CSS snippet: conditional centering of tables

First published 23 december 2006

Good way
colspan="2" style="text-align:center"
Better way
td[colspan] {text-align:center}

The first method uses inline CSS, which is considered suboptimal (hard to maintain, bigger code…). The second one uses the conditional styling feature of CSS: is a td tag contains a colspan attribute (whatever is its value), then the content should be centered.

For more information on this, check the free Chapter 2 of Cascading Style Sheets: The Definitive Guide, Second Edition.


If you like these kind of very concise recipes, take a look at CSS code recipes.

Compte-rendu de H+ Paris juillet 2013

Et voilà, H+ Paris juillet 2013, c'est terminé. Merci à tous d’être venus ! Ci-dessous, un petit résumé de la soirée, de mémoire — n’hésitez pas à ajouter.

D’abord, nous avons eu l’honneur d’avoir un journaliste de CNet avec nous — c’est un important gage de reconnaissance qu’un journaliste fasse le déplacement et je tiens à remercier Fabien (le journaliste) pour cela.

Il y avait davantage d’étudiant et chercheurs en sciences humaines que les fois précédentes, dominées par des professionnels des technologies (notamment des informaticiens). La moyenne d’âge est aussi monté, puisque le doyen avait 70 ans !

La soirée comme d’habitude a commencé exactement à l’heure et c’est terminé exactement à pas d’heure :) puisque les derniers sont partis avec les derniers métro. Autour d’un verre dans une salle où nous étions seuls pour discuter librement, nous avons abordé des thèmes classiques comme qu’est-ce que le transhumanisme, les risques existentiels, l’accroissement radical de l’espérance de vie en bonne santé, les différents courants du transhumanisme… Nous avions comme à chaque rencontre quelques nouveaux, qui ne connaissaient pas ou peu et qui, nous l’espérons, sont ressortis avec une idée plus claire (voire plus positive !) du transhumanisme. D’autant plus que, pour la première fois, chacun a pu repartir avec un flyer de l’association française transhumaniste et un glossaire écrit spécialement pour l’occasion (et que nous espérons utile une fois revenu chez soi, loin de l’excitation de la soirée).

Nous avons également abordé des questions plus avancées, comme la continuation de l’identité, le manque d’une véritable pensée progressiste tant dans la politique que dans les milieux intellectuels (intellectualisants) français ou le rapport entre la robotisation généralisée, le chômage de masse et… le revenu de base (transition laborale). Le sentiment d’une nécessité d’un revenu de base n’a fait sursauter personne, ce qui montre bien que l’idée fait son chemin.

Nous avons vite abandonné l’idée de prendre des notes tellement les informations étaient denses ; le seul, finalement, à en prendre, fut le journaliste (normal) qui n’a pas hésité, dans une démarche d’observation participante, à s’immiscer dans le débat et à poser des questions, tout en restant bien sûr neutre et en ne donnant pas son opinion personnelle. Mais même lui a fini par être terrassé par la densité d’informations, surtout en fin de soirée, quand la philosophie a été mise sur la table (il faut dire que nous avions des philosophes de profession ce soir-là).

Cependant, pour compenser l’absence de notes (quoique… ce commentaire commence à y ressembler), nous pourrions bien vous offrir bientôt la surprise de ce qui a été discuté en fin de soirée…

Mais ceci est une autre histoire :)

À dans un mois pour la prochaine H+ Paris !

(probablement le 23 août)

lundi 15 juillet 2013

Évolution : adaptation parfaite ou changement constant ?

Considérons une espèce A et une espèce B :

  • l'espèce A est si bien adaptée à son environnement qu'elle existe depuis un milliard d'années sans avoir eu à muter/changer/s'adapter ;
  • L'espèce B n'existe que depuis 500 000 ans et change constamment.

Laquelle est la plus évoluée ? En d'autres mots : est-ce que "1 milliard d'années sans bouger" est plus évolué que "500 000 ans en bougeant tout le temps" ?

Je considère que la seconde espèce est plus évolué. Moins adaptée (si elle l'était, elle n'aurait pas à bouger) mais plus évoluée.

Fondamentalement, est-ce que qu'évolué signifié adapté ou modifié ?

Je peux me tromper sur le vrai sens du mot évolution. D'un autre côté, il me souvient que Darwin lui-même n'aimait pas le terme d'"évolution" mais que, comme il vivait dans un temps (l'époque victorienne) pour qui le futur était synonyme de progrès, on lui a quelque peu forcé la main pour utiliser ce terme d'évolution, fortement connoté de manière progressiste alors que dans sa tête, quelque chose de plus récent n'était pas forcément meilleur.

Vos avis ?

samedi 13 juillet 2013

Vie privée sélective

Ce billet est une réponse aux critiques sur ma stratégie de l'assomption.

Pour rappel, la stratégie de l'assomption (assomption : fait d'assumer) c'est se demander avant chaque information qu'on met en ligne si on est à l'aise avec le fait que ça se retrouve sur un panneau d'affichage publicitaire. Si oui, alors on peut publier. Sinon, on n'assume pas pleinement, on ne publie pas (et les "modes privés" des divers services autre qu'auto-hébergés ne comptent pas - les conditions légales peuvent changer).

Donc voici un précision sur ma stratégie de l'assomption. Comment je gère ce que je n'assume pas (ou plus exactement, ce que je ne veux pas voir en place publique) :


Un mensonge entre deux vérités

Ce n'est pas que je n'ai rien à cacher ; c'est que je protège ce que j'ai à cacher en "sacrifiant" ce que je n'ai pas à cacher.

Comme disait Gorge profonde dans un vieil X-Files : un mensonge est plus crédible s'il est glissé entre deux vérités.

De plus, au-delà de l'aspect crédibilité, je considère qu'il est trop contraignant de tout cacher. Et nous savons tous ce qui arrive aux solutions trop pénibles : elles sont contournées et donc perdent leur utilité.

Donc, les informations que j'assume sont disponibles partout (et je pousse le vice jusqu'à le réunir au même endroit pour me mettre sous les yeux ce que je partage).

Celle que je ne veux pas montrer à tout le monde, j'essais de ne pas les publier et si je le fais, c'est en prenant des précautions d'autant plus fortes que je ne le fais pas souvent. Dans un cadre idéal, ce serait :

Tor + wifi public + portable dédié open-source avec cryptage (matériel ?) du disque dur + OS open-source (OpenBSD ?) hors de chez moi dans une localisation éloignée des caméras de surveillance + accoutrement à la fois non remarquable et gênant l'identification faciale. Si possible en mode "intermittent", où je récupère les données sur le Net, je me déconnecte, les traite et y répond en déconnecté et me reconnecte que pour envoyer les données.

feedafever.com: news that matter TO YOU

Regular content retrieval system present you:

  • websites with news that matter (regular feedreaders)
  • users with news that matter (social networks)
  • topics with news that matter (curating platforms)

Instead, feedafever presents you news that matter, period. No middleman. Or, better said, the middleman is the software itself (bayesian filters, I guess). This is still compatible with a third party filtering upstream (e.g.: select google+ as an upstream source and let feedafever decide which of its multiples news you are interested into based on your previous choices)

In other word, whereas the competition is either site-centric, publisher-centric or topic-centric, feedafever is data-centric.

Mental health and rebound effect

Beware though: contrary to what the website promises, less noise doesn't mean less unread items. It just mean less noise. This is called the Rebound effect: improvement in efficiency is offset by spending even more, ultimately missing the point of improving efficiency in the first place (for feeds, the goal is not that much to have more interesting news, it is to be able to read them all).

The point is: feedafever won't replace common sense. It will just help you make best use of your common sense.

It would be worth a try if it was using a freemium model. Unfortunately, you have to pay from day one. That will probably prevent me from ever trying it. Too bad.

Thanks to Arnaud Bourget for the link.

vendredi 12 juillet 2013

Repères sur le fait religieux dans l'entreprise

Repères sur le fait religieux dans l'entreprise (PDF). Très utile tant que soyez manager, religieux ou collègue ou simple curieux. Il s'agit d'un PDF produit par l'association française des managers de la diversité.

Exemple 1 : un salarié se rend tous les jours au travail avec un pendentif très visible en forme de crucifix autour du cou.
Commentaires : même si ce pendentif est fortement visible, aucun critère légal ne permet au manager d’imposer à ce salarié de le retirer, même s’il peut heurter ses collègues.
Exemple 2 : Un groupe de salariés utilise quotidiennement un local désaffecté comme lieu de prière sans en référer à leurs responsables.
Commentaires : l’employeur a l’obligation de savoir où se trouvent ses salariés lorsqu’ils sont en situation de travail pour veiller notamment à leur sécurité. Les salariés en question contreviennent à plusieurs critères. Cette situation ne peut être maintenue mais une discussion peut être engagée pour trouver une solution adaptée.
Exemple 3 : Un salarié responsable de la communication est chargé d’organiser des événements qui nécessitent sa présence régulière pendant les week-ends. Pour respecter ses croyances religieuses, il refuse d’utiliser le téléphone et internet dès le vendredi en fin de journée et le samedi.
Commentaires : Le comportement de ce salarié crée un dysfonctionnement qui entrave la réalisation de sa mission. Le manager peut apprécier s’il est possible de trouver un aménagement. Dans le cas contraire, la faute professionnelle pourrait être établie.

jeudi 11 juillet 2013

Non, LibreOffice n'est pas au niveau de Microsoft Office 2003

Aujourd'hui, on m'a dit LibreOffice fait les même choses qu'Office 2003, absolument tout.

Les habitués de mon blog savent combien je considère ceci comme une vaste blague — LibreOffice, surtout le module de texte qui est celui que je connais le mieux, est très en retard sur Office, même s'il peut convenir pour un usage basique.

Mais je n'avais pas d'exemple sous la main. Maintenant, j'en ais un.

Dans l'exemple ci-dessous, essayez de supprimer une colonne sans supprimer le tableau entier. Word n'a aucun problème (probablement même en version 2003). LibreOffice Writer (4.0.2.2) ne sait pas faire.

Tableau de test
Wide Range of Colours Available, Minimum Order Charge £100
All quantities priced in pence each
Wt 1000 2000 5000
19x17mm RECTANGULAR CARD STAND 1.0 Gms £0.028 £0.023 £0.018
CLIP 13mm Wide x 21mm Deep 0.9 Gms £0.044 £0.036 £0.029

Donc, non LibreOffice ne fait pas ce que fait Office 2003. J'ai pris un exemple que je rencontre souvent et je suis sûr que j'en trouverais aisément bien d'autres.

Soutenez la Quadrature du Net sans vous en rendre compte

Je signalais dans flattr :3, 71 € de revenus comment j'utilisais l'argent dont on m'a fait cadeau sur flattr (je préfère ne pas parlé d'argent gagné, car ce n'est pas du tout une logique de gain).

J'ai décidé d'aider La Quadrature du Net, qui fait un gros boulot pour défendre une vision égalitaire du web, un web qui ne soit pas qu'au services des entreprises et des gouvernements. Un web libre. Cependant, comme beaucoup d'entre vous, j'ai du mal à sortir des sommes d'argent notables (n'ayez pas honte, c'est un trait de tous les humains, voire des mammifères, nommé aversion à la perte).

En revanche, si la somme est suffisamment faible pour que je puisse complètement l'oublier pendant des mois, je suis plus à l'aise. Et vous aussi. Et nous aussi. En fait, nous devons bien être trois milliards à être plus à l'aise.

Voici donc comment faire :

  1. Si ce n'est déjà fait, ouvrez un compte flattr
  2. Allez sur la page flattr de la Quadrature du Net
  3. Cliquez deux fois sur le bouton flattr pour souscrire (leur donner une micro-donation tous les mois). Vous pouvez aussi, pour propager à la fois flattr et la Quadrature, annoncer sur Twitter et Facebook (malheureusement pas encore sur Google+)
  4. Pour vérifier que votre souscription a bien fonctionné, allez ensuite sur vous souscriptions. Vous devriez voir

    (et vous pourrez mettre en pause ou supprimer si vous le souhaitez)

Pour ceux qui ne connaissent pas flatter, je vous invite à lire Flattr: et si vous testiez le web payable ? et à diffuser le lien http://bit.ly/webpayable.

N'oubliez pas que la Quadrature travaille à défendre un vision noble et égalitaire du web. C'est important.

mercredi 10 juillet 2013

flattr: 3,71 € de revenus

En passant sur les paramètres de flattr, j'ai vu que j'avais engrangé 3,71 € de revenus, soit davantage que j'y ai mis (les chiffres ne sont pas corrélés, c'est juste une coïncidence heureuse).

J'ai décidé de réinvestir cet argent pour le donner à des posts que j'aime et de
souscrire à La Quadrature du Net.

3,71 €, ça ne vous parait peut-être pas beaucoup. Et c'est vrai, ce n'est pas beaucoup. Mais :

  • je n'ai absolument rien changé à mes habitudes 
  • j'ai la satisfaction que des gens aiment ce que j'écris assez pour le montrer autrement par un acte qui coûte (littéralement), ce qui renforce la valeur de leur appréciation 
  • il n'y a pour le moment pas grand monde qui utilise Flattr, surtout en francophonie, donc ça peut monter de beaucoup 
  • surtout, c'est participer à un important changement des mentalités : le web payable.

Ça vous dit, de faire quelque chose pour changer le monde ?


(il y a un bouton flattr sur ce post aussi et si vous cliquez deux fois dessus, vous passez en mode souscription, vous pouvez donner une petite somme automatiquement tous les mois &mdhash; je dis ça, je dis rien ;-))

Acheter (et donner) sain tranquillement


Dichotomie protocole/symbole

Un vieux texte, initialement publié sur l'Arbre des possibles (puis plus tard, par erreur, sur Wikipedia). Aujourd'hui, j'ai découvert en cours la marguerite sociologique, qui va plus loin.

Dichotomie protocole/symbole

La dichotomie protocole/symbole est un outil de réflexion dualiste séparant les accomplissements, technologies, pensées… selon qu’ils ont pour usage d’être simplement efficaces ou bien de mobiliser les sentiments. On imagine généralement comme protocole ce qui est appelé de manière péjorative la « tuyauterie », c’est-à-dire les normes de fonctionnement. Les symboles au contraire, peuvent enflammer les gens.

On ne fait pas la guerre pour un protocole. On la fait pour un symbole.

Marguerite sociologique

  • Les routines définissent les manières d'agir des membres de l'organisation entre eux et à l'extérieur lorsqu'il représentent leur entreprise.
  • Les rites sont des événements qui ponctuent la vie sociale de l'organisation pour signifier ce qui est le plus important.
  • Les mythes mettent en valeur certains événements, objets ou personnes pour établir un lien entre un moment important et le présent.
  • Les symboles son les représentations codées de l'état d'esprit de l'entreprise, ils se repèrent dans les décisions, le vocabulaire, l'habillement, l'organisation spatiale des lieux et des bureaux, la décoration, les attributions du pouvoir (voiture, voyage…).
  • Les structures de pouvoir représentent les lieux réels de pouvoir et de décision au-delà des organigrammes officiels.
  • Les systèmes de contrôle précisent les élément sur lesquels l'organisation se focalise pou détermine sa performance, donc à la manière de se comporter pour être apprécié des instances décisionnelles.
  • La structure organisationnelle décrit la manière dont l'organisation affecter des zones de responsabilité donc le degré de liberté de chacune.
  • Le système de valeurs est une synthèse des composantes principales, il formalise les valeurs offertes qui conditionnent les comportements et l'état d’esprit des acteurs. Il permet de déduire la style de conduite du changement.

mardi 9 juillet 2013

Papier recyclable - recommandations d'achat de l'Union européenne

C'est un peu en vrac, car j'ai récolté pas mal d'information sur le papier recyclé. Je compte (un jour) publier un article de compilation.

Pour faire très court : Ange bleu est le meilleur. FSC est derrière et PEFC encore plus loin (évitez PEFC). Notez que ce n'est pas en lisant uniquement ces notes que vous arrivez à ces conclusions, il y a des informations que je n'ai pas encore donné.

European Commission Green Public Procurement (GPP) Training Toolkit - Module 3: Purchasing Recommendations | Copying and Graphic Paper (PDF)

  • The key issue is recyclability, not the recycled origin of fibres
  • If you want to ensure the reader’s comfort it is better to select a true white or cream white paper to minimise eyestrain"

Les éco-labels, ce n'est pas qu'une question de sauver la planète ou d'arrêter la déforestation. C'est aussi une question de santé, de votre santé :

Some of the synthetic polymers that could be used in pulp and paper production are classified as carcinogenic, mutagenic, teratogenic, or toxic and may cause adverse effects on the aquatic environment. Colorants and dyes can contain heavy metals such as mercury, lead, cadmium or hexavalent chromium compounds as constituents. These may cause severe health problems by bioaccumulation and biomagnification. Problems do not only occur during the handling of these substances but also when they are discharged into the environment with waste water, or in the form of incineration ashes, etc.

Bientôt des macro-États ?

Club des Occidentaux entre l'Union européenne et les États-Unis (TIPP) ; club des "Précolombiens" avec la "Banque du Sud" pour l'Amérique du Sud ; club des Africains avec l'Union africaine (certes très faible) ; club des Asiates avec ASEAN+3 (APT)

Ça ressemble fort à un signal faible[note] vers une réduction du nombre de pays, pour ne plus avoir que quelques grands blocs unis par la géographie et plus encore la culture (car il y quand même un océan entre l'Europe et l'Amérique - à moins que l'Atlantique Nord devienne un nouveau mare nostrum).

Si on regarde un planisphère, il ne reste guère (hormis l'Australie) qu'une seule grande zone qui ne soit pas en train de s'unifier et c'est justement celle dont on parle le moins et qui est le plus en retard : l'Asie centrale{note].

Je trouve très intéressant que ceci se mette en place en même temps que :

  • les entreprises elles aussi fusionnent et deviennent gigantesque, de plus en plus des États privés, à la manière des mégacorpos du cyberpunk)
  • nous commençons (enfin !) à nous lancer dans la colonisation de l'espace. Certes, il reste beaucoup de temps avant une vraie colonisation, mais il reste aussi beaucoup de temps avant la création de véritables macro-États.

Je suis convaincu depuis longtemps que le vieux rêve d'une seule nation sur Terre (pays ou entreprise, la frontière étant amenée à devenir de plus en plus floue) est une utopie à moins que… l'homme colonise l'espace. A ce moment-là, tous les Terriens seront unis. Notez la différence :-).

Merci à Marie Bréda pour certains liens qui m'ont donné l'idée de cet article.

On se sacrifie pour nuire aux autres

Un article de février 2003 de ce qui reste pour moi le meilleur magasine de vulgarisation scientifique français quand on n’est pas soi-même un scientifique (auquel cas La Recherche vous parlera peut-être davantage), je veux parler de Pour la science.

Cet article s’intitule : On se sacrifie… pour nuire aux autres et parle d’un comportement étrange, voire contre-productif, des hommes. Homo sapiens n’est pas Homo economicus.

Café liberté “2050 : la machine intelligente ?”

Human slavery is wrong, insecure, and demoralizing. On mechanical slavery, on the slavery of the machine, the future of the world depends.

— Oscar Wilde, The Soul of Man Under Socialism, 1891

Oscar Wilde avait tout compris : l’homme a toujours désiré faire faire son travail par un autre. C’est même une loi fondamentale de la vie : dépenser le moins d’énergie possible pour arriver à ses fins.

A l’époque où il écrivait son essai, il condamnait l’esclavage des hommes par d’autres hommes (cœur : c’est mal et raison : ce n’est pas fiable). Mais au lieu de simplement pointer un problème, il reconnaissait aussi la nécessité et proposait une solution. Brillant.

2050 : la machine intelligente ?

Xavier Driancourt avait bien mieux résumé mon intervention que moi-même, donc je (re)poste :)


Chef d’entreprise, informaticien et géographe, David Latapie est un des dirigeants de l’association française transhumaniste Technoprog ! Celle-ci étudie les évolutions civilisationnelles apportées par les évolutions de la technologie. Parmi ces dernières figurent les robots autonomes et authentiques consciences artificielles que les progrès des dernières décennies laissent entrevoir pour le XXIe siècle.

Si elle se confirme techniquement, l’émergence de robots autonomes capables de circuler dans l’espace public comme le ferait un humain normal et d’effectuer des tâches de la vie civile ou commerciale pose la question du bouleversement du rôle social envisageable pour chaque être humain. David Latapie souligne que ce bouleversement préserve les principes du pouvoir d’achat individuel qui est le socle de la société de consommation, de l’engagement social qui fonde le monde du travail ou encore de la compassion et de la passion qui tissent les relations humaines.

La transition laborale

Extrait de mon exposé 2050 : la machine intelligente ? sur la robotique ubiquiste. Voici le passage sur la fin du travail comme moyen de subsistance.


Désacralisation de la valeur travail

work is overrated

Au niveau sociétal, ce n’est pas le travail qui compte, mais l’engagement, les sentiments d’implication et d’utilité. Bien des emplois ramènent un chèque, mais pas un engagement. Est-ce criminel de ne pas offrir un emploi abrutissant aux gens&x#202f;? Á l'argument Il faut bien que ce soit fait, j'oppose que des machines de plus en plus perfectionnées peuvent s'en charger (et le font). Et je propose de remplacer travailler pour vivre ou vivre pour travailler par Vivre pour s’accomplir.

Un sondage dans Forbes ne s'y trompe pas : les trois professions les plus heureuses sont les prêtes, les pompiers et les infirmier. Point commun : avoir du sens immédiat, s’approprier son activité.

Couper et réunir un fichier avec OS X ou Linux

Syntaxe

  • Couper un fichier en petits morceaux : split -b 2m <source>
  • Pour recoller les morceaux : cat xa* >

Exemple

  • split -b 2m (glissez-déposer le fichier toto.txt sur le terminal).
  • cat (glissez-déposer le fichier xaa sur le terminal) > toto2.txt

Remarques

  • Pour lancer le terminal sous OS X, tapez command + espace pour lancer Spotlight puis écrivez Terminal et validez (avec entrée ou la souris).
  • Pour lancer le terminal sous Ubuntu (avec Unity), tapez Windows pour lancer le Launcher puis écrivez Terminal et validez (avec entrée ou la souris).
  • 2m créer des fichiers de 2Mo. Remplacer m par k pour des kilo-octets et ne rien mettre pour des octets. La destination est optionnelle (pour faire aussi simple que possible, je l'ai supprimé dans mon exemple ; si vous voulez la mettre, vous l'ajoutez juste après source : source destination) et si elle est omise, la sortie sera ~ (votre répertoire utilisateur, là où se trouvent Bureau, Images…)
  • xa* : si vous ne donnez pas de noms aux tronçons de fichers, ils s'appellent xaa, xab, xac… En sélectionnant xa*, vous prenez jusqu'à 26 tronçons sans avoir à les taper à la main (si vous en avez plus, tapez x* et vous pourrez en fusionner 262, soit 676 tronçons maximum — prenez juste gare de ne pas avoir un fichier autre qui commence par x dans votre dossier perso).

lundi 8 juillet 2013

Vie privée : la stratégie de l'assomption

Aujourd'hui et plus encore demain, on pourra savoir beaucoup, beaucoup de choses sur vous-même si vous ne le voulez pas (à moins de vivre dans une combinaison d'astronaute). Aussi, arrêtons de penser "je veux protéger ma vie privée" (négatif, fuir/fuite, réactivité) et commençons à penser "je veux être insensible à la curiosité déplacée des autres (positif, assumer/assomption, proactivité).

La goutte d'eau qui m'a fait prendre conscience de ceci est
Police could create image of suspects face from DNA, mais il est évident que c'était déjà en cours dans ma tête depuis plusieurs années. Ce qui est nouveau, c'est que j'ai nommé cette stratégie : la stratégie de l'assomption.

L'assomption, sans majuscule, ce n'est pas une fête catholique. C'est le fait d'assumer (assomption est donc le substantif du verbe assumer). Assumer ce que l'on fait, pour que le fait de le révéler ne soit pas embarrassant (Juan Enriquez, votre vie sur internet, indélébile comme un tatouage, Sisyphe : faites simplement attention à ce que vous postez)

Quand vous assumez vos actes, vous devenez extérieurement insensible au chantage et intérieurement en harmonie avec vous-même.

Et les actes triviaux mis au grand jour ? Par exemple, un photo de vous aux toilettes, engagés dans une relation sexuelle (assumée) ou au sortir du lit, dépenaillé ?

Ils ne se retourneront pas contre vous. Ils se retourneront contre la personne assez "pipi-caca" pour avoir montré ceci (ideam, Orphée : avec toutes ces données dont on dispose, il serait bon de ne pas fouiller trop loin dans le passé de ceux qu'on aime. — le plus satisfaisant avec le pouvoir, c'est de ne pas avoir à s'en servir).

Quand vous assumez, l'opprobre est sur le montreur, pas sur le montré.

dimanche 7 juillet 2013

Pas d'album vidéo YouTube avec Google+ ou Ubuntu

Impossible de partager une série un album vidéo sur Google+ (à l'image d'un album photo). Et encore moins de conserver l'ordre, alors que c'est pourtant possible sur YouTube (exemple).


Il est d'ailleurs impossible de visionner en mode playlist ailleurs que sur YouTube. Même le lien d'embarquement ne permet pas la même apparence et ne laisse qu'une petite icône que personne ne voit.


De même, les playlists YouTube ne sont pas compatibles avec la fonction de pont Ubuntu-Web (contrôle de YouTube comme de son lecteur local). En passant, j'ignore le nom de cette fonctionnalité de YouTube (lens, scope, autre ?).


Google l'exaspérant

Je pense que ce n'est pas que moi qui devient de plus en plus exigeant avec Google. C'est aussi Google qui devient de moins en moins réactif. Ainsi, j'ai longtemps espéré que la section vidéo des pages Google+ permettrait d'améliorer de marier la puissance de YouTube avec les capacités de gestion collaborative et de contrôle du branding de Google+ et je vois qu'il n'en n'est rien. Google+ Pages videos n'a aucune des fonctionnalités de YouTube ; on se croirait revenu à Google Video (remplacé depuis par YouTube).

Parfois, je trouve des remplaçants supérieurs à Google (bit.ly atomise goo.gl, par exemple). Mais généralement, YouTube reste le meilleur (YouTube fourmille de fonctionnalités que la concurrence n'a toujours pas.

A mort les moyennes, vive les médianes !

Examinez cette série de chiffres :

Salaire annuels bruts d'employés : 10 K€, 13 K€, 9 K€, 80 K€, 16 K€

  • Moyenne : (10+13+9+80+16)/5 = 25,6 K€ - les gens sont riches
  • Médiane : 9+10+13+16+80 ⇒ 13 K€, les gens sont pauvres

Conclusion ; avec une moyenne, on peut vous faire croire le contraire de la réalité (parce qu'ici, les gens sont clairement pauvres). Et si vous pensez que cet exemple est tiré par les cheveux, visionnez donc Inégalités de revenus aux États-Unis.


Pour mettre cet exemple en termes rigoureux :

  • Une moyenne (Σx/x[1]) n'est représentative que dans une courbe de Gauss [2] distribution orthogonalement symétrique.
  • Dans les nombreux cas où la répartition des éléments ne suit pas une distribution normale orthogonalement symétrique, c'est bien plutôt une médiane (x+1/2[3]) qu'il faudrait utiliser (comment calculer).

Concrètement : avec les moyennes, on peut donner de fausses impressions d'égalité, là où il y a une inégalité patente. Les médianes sont plus robustes à la manipulation. Mais on continue à utiliser les moyennes - certes plus faciles à calculer de tête)

samedi 6 juillet 2013

Gérer la déception dans un groupe

Penser processus, pas personne

Intégrer la contrainte, relativiser et penser processus (comment la faute ?).


C'est dingue comme presque tout le monde me déçoit.

Dixit un excellent collaborateur sur un projet où quasi tout le monde promet mais ne fait pas (ou moins qu'on croyait).

Ça ne vous rappelle rien ? Mais si, cela vous est probablement arrivé.

Quand quelqu'un arrive à ce stade, il y a de fortes chances qu'il décide de quitter le groupe. Il sera alors particulièrement difficile de le faire chnger d'avis, parce que que justement, son départ est amplement motivé. Donc, personne déçue : danger !

Deux manières de surmonter l'épreuve de la déception : le départ et l'intégration des contraintes.

Le départ, ou stratégie de l'éloignement

Simple mais frustrant (on en voudra longtemps au groupe). Envoyer tout le monde bouler et quitter le groupe.

Ramassis d'incapables, on n'est jamais mieux servi que par soi-même.

Ne riez pas ; c'est très tentant, c'est tellement plus simple. C'est très efficace sur le court terme et quand on connait la propension de la psychologie humaine à privilégier le court-terme, ça explique pour c'est tentant. Sur le long terme, en revanche, c'et moins évident (mais ça peut marcher).

Intégrer la contrainte

Plus compliqué, mais plus gratifiant à terme. Cette solution est plus constructive et moins émotionnellement prenante mais aussi autrement plus difficile. Intégrer la contrainte, c'est reconnaître qu'on a surestimé la personne ou sous-estimé l'ampleur du projet et aussi décider de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Intégrer la contrainte passe souvent par dépassionner le débat

Et, surtout, éviter d'associer le collègue de travail et l'être humain (y compris soi-même). X est très bien, mais pas contre, je ne travaille plus avec lui sur ça et ça, car, malgré ce qu'il dit (et où je le crois sincère), ça ne passe pas.

Comment la faute ?

Corollaire : ne pas se demander à qui la faute mais comment la faute. Pas qui a pêché ? Mais quel est le processus qui a été mal pensé et à permis à ceci d'advenir ? À qui la faute indique un bouc-émissaire, une personne sur qui cracher son venin, c'est du mauvais karma.

Vous me voyez peut-être venir : assurance qualité, ISO 9000/20000, CMMI… Oui, penser processus est normé et c'est même un gage de meilleure productivité. Et de moindre frustration. Mais développer dépasserai le cadre de cet article. L'important, ici, c'est de se rappeler de ceci : si ça ne marche pas, cherchez dans les processus, pas dans les hommes. C'est plus souvent les processus, les méthodes, que les hommes qui sont en tord (mais je suis un humaniste aussi :)) Et penser processus, quand vous êtes aux commandes (d'une entreprise, d'une initiative, d'une soirée, d'un prjet…), c'est aussi ce regarder dans un miroir : c'est bien beau de blâmer l'autre, mais comment ais-je moi pu laisser la situation se dégrader à ce point ?

Attention, Comment la faute peut mener à l'indolence et à la déresponsabilisation (c'est pas moi, c'est le système). Mais même avec ce risque, intégrer la contrainte me parait préférable à l'éloignement. Ce n'est pas un obstacle, une frustration, une déception ; c'est une contrainte. On parle toujours de la même chose, mais lui mettre un mot différent, ça aide à le voir comme dépassable mais aussi à s'en détacher, à "garder la tête froide".

Pour résumer : ne soyez pas déçu par des gens, soyez déçu par des méthodes. Ne restez pas buté sur l'obstacle, intégrez la contrainte. Enfin, soyez lucide sur l'importance des changements que vous pouvez apporter ou demander - et s'il le faut, dites non et … partez ! Mais vous le fairez alors en connaissance de cause et ça, c'est du nectar pour l'accomplissement personnel.

Et vous, qu'en pensez-vous ?


Pour aller plus loin, quelques pistes :

  • Temps, argent, énergie émotionnelle. Passez vos investissements au crible de ces troi critères. On pense souvent au x deux premiers, plus rarement au troisième (j'ai des théories sur pourquoi on l'omet, mais ça m'entrainerai trop loin)
  • La faille du mauvais ouvrier (atention : faille pour faille logique/sophisme et non fable). A force de s'entendre dire le mauvais ouvrier à toujours de mauvais outils (c'est pas ma faute, c'est mes outils qui ne conviennent pas), j'en viens à l'excès inverse : si je pense que l'outil n'est pas adapté, alors je me dit que je me cherche une excuse pour ne pas avouer (y compris à moi-même) que j'ai été mauvais. Quand je me fais cette réflexion, j'ai une alerte dans ma tête, la faille logique du mauvais ouvrier. Désormais, quand je mets l'outil en cause, je suis beaucoup plus lucide. Un problème avec un outil dénote un problème. Qui peut certes venir de l'humain, mais il peut aussi venir de l'outil. Et comme dans un blocage entre deux personnes, ce n'est pas la faute de l'un ou la faute de l'autre&202f;; c'est la faute des deux. Il s'agit juste de trouver la part de chacun, alors le problème d'outillage a des causes liés à l'outil, mais aussi des causes liées à mon attente de l'outil et avec le fait que je n'ai pas su les exprimer aux personnes qui pouvaient m'aider à les résoudre.

La cita­tion à-peu-près-dans-le-sujet du jour : Proper Preparation Prevents Poor Performance

jeudi 4 juillet 2013

La culpabilité en héritage : accepter son passé pour mieux le transcender

Extrait d’un texte, La culpabilité en héritage, trouvé chez un lecteur. Recopie avec son accord, (merci Titophe).

Il faut bien comprendre le malaise d’une personne blanche lorsqu’elle assiste au déballage de toutes les horreurs et cruautés qu’ont commis nos ancêtres depuis plusieurs siècles et ce, jusque très récemment. Cette personne va automatiquement ressentir un sentiment de culpabilité, surtout si elle se trouve en face des descendants des victimes de ces atrocités (esclavage, colonisation, coups tordus postcoloniaux). Cette culpabilité s’accompagne d’un sentiment d’injustice, car à titre individuel, la personne ne s’est rendue coupable d’aucun de ces méfaits. C’est là le paradoxe.

Il me paraît ainsi nécessaire de déculpabiliser la population blanche afin de la rendre plus disponible à entendre et surtout à accepter ce passé. Les livres d’Histoire refléteront enfin la vérité le jour ou nous saurons l’accepter sans pour autant nous identifier à ceux qui l’ont faite.

Après tout, le plus simple est de donner des exemples concrets. Aussi vais-je me permettre de parler de moi :

Enfant, j’étais un fan de Tintin et étais capable de réciter par cœur nombre de bulles du livre Tintin au Congo. J’ai ensuite voyagé et suis tombé de très haut lorsque j’ai découvert la réalité africaine et le décalage par rapport a l’image que je m’en faisais. La rupture la plus évidente avec mon héritage idéologique a bien entendu été la rencontre avec celle qui devait devenir ma femme. Cela fait bien longtemps maintenant, bientôt 20 ans. Nous avons deux filles. La dernière a dernièrement trouvé chez la Grand-Mère mon vieux Tintin. Et nous l’avons lu ensemble. Inutile de vous dire que son regard n’est pas vraiment celui que j’avais à son âge (7 ans). Je l’ai ainsi lu avec un regard neuf, celui d’un homme que la vie a amené à réfléchir sur les thèmes fondamentaux du respect et de l’égalité de tous les hommes.

Ce livre est l’illustration parfaite de notre héritage de pensée. Pourtant, je n’ai aucune raison de culpabiliser et je ne le fais d’ailleurs pas. Reconnaître être passé par cet état d’esprit ne veut absolument pas dire que l’on n’a pas changé. Au contraire, cela aide beaucoup à aider les autres à parcourir le même cheminement intellectuel.

[…]

Acceptons notre passé dans toutes ses facettes et nous saurons enfin regarder ceux qui nous ont rejoints et nous accompagnent vers un avenir commun.

Ceci vaut tout autant à l’échelle individuelle.

Lire aussi Wikilivres : pour ne plus réécrire l'histoire.

Wikilivres, pour ne plus réécrire l’histoire

Initialement publié le 30 novembre 2005

Au fur et à mesure que le temps nous éloigne des faits, les témoins directs disparaissent, les leçons tirées à chaud des événements s’estompent, se brouillent. Et les grands médias, qui ne possèdent pas la rigueur des historiens, reconstruisent, au gré des modes, un passé trop souvent déterminé, corrigé, rectifié… par le présent. Un passé expurgé, épuré, lavé de tout ce qui pourrait, aujourd’hui, faire désordre. À cet égard – autre paradoxe –, il y a peu de différences entre cette nouvelle « histoire officielle » et la censure d’État dans les pays non démocratiques. Dans les deux cas, c’est ce passé révisé que reçoivent les jeunes générations. Et c’est contre une telle distorsion de l’histoire qu’il faut s’insurger.

Le Monde Diplomatique — Leçons d’histoire.

C’est pour que les manuels scolaires ne soient pas (ré)écrits selon l’humeur du moment que Wikilivres a besoin de vous.

Je ne pensais pas être si proche de l’actualité en écrivant ce billet. Justement, voilà de quoi réfléchir.

lundi 1 juillet 2013

Googol : comment se figurer à quel point c'est gros

Un googol, c'est 10100, c'est-dire 1 suivi de 100 zéros. C'est trop grand pour qu'on puisse s'imaginer ce que ça fait.

J'ai trouvé une méthode qui aide un peu, en procédant par comparaison :

10100, c'est la même chose que 100098.

Un kilo-octet, c'est mille octets, soit 10001.

Un méga-octet, c'est 1 million d'octets, soit 10002. C'est l'ordre de grandeur des disquettes.

Un giga-octet, c'est 1 milliard d'octets, soit 10003. C'est l'ordre de grandeur des DVD.

Un tera-octet, c'est 1 billion d'octets (1 000 milliards — si vous croyez que billion est le mot anglais pour milliard, lisez Échelles longue et courte), soit 10004. C'est l'ordre de grandeur des plus gros disques durs.

Un peta-octet, c'est 1 billiard d'octets (ou 1 million de milliards). C'est l'ordre de grandeur des records d'internet : les échanges de données sur Internet, l'espace de stockage des multinationales ou d'Internet Archive (la "mémoire de l'humanité)…

Si le péta-octet est la mesure de tous les superlatifs, que dire au-delà ? En 2004, le trafic internet total dépassait le seuil de l'exa-octet. On considère que "tous les mots jamais prononcés" tiendraient en 42 zetta-octets. Et je n'ai pas encore parlé du yotta-octet.

Et nous n'en sommes, avec le yotta-octet, "que" à 1008.

Maintenant, vous avez une idée d'à quel point c'est gros, un googol ?

Surtout, vous pouvez appliquer cette méthode à d'autres mesures gigantesques, comme en astronomie.

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