samedi 25 août 2012

Quid est homo ?

Ceci est un extrait d'un livre à venir. Cet extrait lui-même n'est pas finalisé, notamment au niveau de la conclusion. Merci de votre compréhension.
Résumé : un être qui fut humain soit par son passé (émulation d'esprit) soit par ses ancêtres (parahumain) devrait-il être considéré humain ? Une IA (intelligence artificielle) ou un robot suffisamment évolué, qui n'ont pas d'ascendance humaine, devraient-ils être considérés humains ? Quelles conséquences sociales, surtout en considérant notre passé sexiste, raciste ou spéciste ?
En 397-398, Saint-Augustin posa dans ses Confessions une question célèbre : quid est tempus ? qu'est-ce que le temps ? Et la réponse est tout aussi célèbre : si on ne me le demande pas, je le sais ; mais si on me le demande, je ne le sais pas.
Demain, il faudra avoir répondu à la question suivante : Quid est homo, qu'est-ce que l'humain. Et la réponse, vous allez le voir, est loin d'être évidente.
Aujourd'hui, c'est encore simple : est humain le fruit de l'union de deux humains. Femme, noir, homo habilis, bébé-éprouvette ou par mère porteuse, ça reste un humain.

Spéciation

So the normal state of affairs is not to have just a Homo sapiens; the normal state of affairs is to have various versions of humans walking around.Juan Enriquez: Will our kids be a different species?”, TED, avril 2012
Mais demain ? Des modifications génétiques suffisamment importantes pourront entraîner la création d'une nouvelle espèce biologique (que cette spéciation soit désirable ou pas est un autre débat). Rappel : une espèce est un ensemble d'individus interfertiles. Dès que l'interfertilité n'est plus possible (sauf très exceptionnellement, comme une mule, ou artificiellement, en laboratoire), alors nous avons affaire, d'un point de vue biologique, à une nouvelle espèce.
Aujourd'hui, l'humanité est une espèce unique ; même les racistes reconnaissent que nous sommes une seule et même espèce et, à l’inverse, même les antispécistes reconnaissent que les grands singes ne sont pas des humains. Mais demain, nous pourrions avoir une rupture : la fin de l'égalité homme/espèce.
Mais pour que nous parlions encore d'humain lorsqu'il y aura plus qu'une espèce (à la question pourquoi continuer à parler d'humain ?, je répondrais dignité), il faut revoir la définition de l'homme. D'où le quid est homo.
Autant vous le dire de suite : je ne sais pas ce qui constitue un homme, j'en suis réduit à des conjectures.

Anthroposignature

Il y a quelques années, la NASA à demandé à Christophe Adiami, chercheur en intelligence artificielle, de trouver une signature universelle de la vie, une biosignature. Il fallait trouver une signature tellement forte qu'elle permettrait de trouver la vie même quand on ne s'attend pas à la trouver. Tâche ardue, mais le chercheur à réussi. Il a trouvé une telle signature et elle s'applique tant à la vie biologique (que ce soit la vie « classique », organique, à base carbone, qu'une vie basée sur des biochimies alternatives, comme le silice, l'ammoniac, voire l'arsenic) qu'à la vie numérique (dans un ordinateur) ou la vie mémétique (la vie des idées, dans un livre). Si vous êtes curieux, lisez Trouver la vie là où on ne la cherche pas.
Ce dont nous avons besoin, c'est d'une anthroposignature. Un critère univoque permettant de transcender la réflexion humaine, laquelle est limitée par les préconçus.
Pourquoi avoir besoin de quelque chose d'aussi poussé ? Parce que, justement, les possibilités dépassent l'entendement commun, le bon sens. Quelques exemples :
  • Médecine compensatrice (chirurgicale ou génétique)
  • Améliorations plus ou moins importantes des organes humains (bioware)
  • Améliorations plus ou moins importantes du patrimoine génétique humain, transmissibles ou non aux enfants (genefixing ou thérapie génique préventive, homo superior, homo superstes (survivant), parahumain)
  • Intégration plus ou moins poussée de machines dans le corps humain. À l'extrême, téléversement de l'esprit (mind uploading, P2V du cerveau — infomorphes).
  • Augmentation de l'intelligence des animaux (élévation, provolution, uplift)
  • IA corporelles (hors ligne, dans un robot sans pouvoir en sortir) ou non (en ligne, sur le web avec peut-être la possibilité de s’”incarner” dans une machine) arrivées à un niveau de complexité suffisant pour passer pour conscientes (la question de savoir si elles sont conscientes (Turing fort) ou simulent juste très très bien (Turing faible) est surtout philosophique et du même niveau que la question de l'âme)
Toutes ces possibilités sont sérieusement envisageables et ne doivent donc pas être négligées. Tentons une classification :
  • N'impacte pas la qualité d'homme :
    • Ce qui ne donne pas un avantage (médecine restauratrice), même si c'est transmissible aux enfants (cas de la thérapie génique). Basé sur la jalousie.
      Exemple : genou artificiel, suppression des gènes de la myopathie.
    • Ce qui n'impacte pas le cerveau. Basé sur une réflexion technique.
      Exemple : des cyber-jambes, un cœur boosté.
    • Ce qui n'est pas implanté.
      Exemple : une IA dans des lunettes de réalité augmentée
  • Peut impacter la qualité d'homme :
    • Ce qui ne remplit pas les critères ci-dessus.
      Exemple : voir les infrarouges (Neil Harbisson), penser plus vite, mind uploading.
    • Ce qui est héritable et amélioratif (« race supérieure »).
    • Ce qui est fortement répandu et amélioratif et implanté (fondement pragmatique — la raison du plus nombreux).
    • Ce qui permet à un non-humain de rentrer dans le cercle des humains.
      Exemple : une IA consciente ou pseudo-consciente, animaux provolués/uplift.
Quelles conséquences sociales, surtout en considérant notre passé sexiste, raciste ou spéciste ?

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